Discours pour le vernissage du Salon 2014 à l'Imagerie, le 5 décembre 2014 [ Textes ]

Famille, …

(…Remerciements d'usage…)

Il faut saluer nos amis d'Offenbach en particulier Edith et Wolfgang Mathaüs avec qui nous échangeons depuis de nombreuses années mais aussi Michael Hundermer et RobertSeidemann. Ils ont fait plus de 1000 km, non seulement pour voir l'exposition mais aussi pour participer à l'installation depuis le début de la semaine.

Après ces remerciements rituels et néanmoins très sincères, je voudrais vous dire quelques mots sur la manière dont le langage de la photographie et le langage parlé s'articulent.

LE LANGAGE SON ORIGINE

On dit que le langage est vieux comme le monde. Il faut bien sûr prendre l'affirmation avec prudence même si cette histoire de langage a intrigué tout un tas de gens bien et des noms prestigieux depuis la nuit des temps.

Nous avons les écrits d'un historien, Hérodote qui rapportent, vers le milieu du 5ᵉ siècle avant notre ère, que le pharaon égyptien Psammétique III s'interrogeait déjà sur l'origine du langage et sur la première langue parlée. Il voulait savoir si la première langue, la langue à l'origine du monde, était l'Egyptien ou le Phrygien. Il entrepris des études bibliographiques, des recherches et fit même des expériences. À son grand dam, ses études lui signifièrent que le Phrygien était plus ancien.

Dure est la loi de la méthode expérimentale mise au service de la recherche de la vérité. Le monde est ce qu'il est, on ne peut pas négocier avec lui.

C'est d'autant plus dur pour notre pharaon qu'il y a peu, du moins vu de son côté, nous avons découvert que 2000 ans avant Psammétique III, 4000 ans avant nous, les sumériens mettaient au point la plus formidable invention de tous les temps : l'écriture. Dans sa tombe, le pharaon doit être vénèr comme disent les personnes modernes d'aujourd'hui.

Cela étant, les Anciens, comme Jean de la Bruyère ("Les caractères" 1696), 17ᵉ siècle de notre ère, avaient raison de prétendre : « Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes qui pensent ».

LE LANGAGE SEUL COMPOSANTE DE LA COMMUNICATION

Et cependant, c'est là qu'une erreur de jugement s'est glissée. Car pendant 25 siècles les linguistes et les grammairiens ne se sont intéressés qu'à la parole qui n'est pourtant qu'une partie du langage. C'est vrai que c'est une composante importante et la seule qui jusqu'à récemment pouvait se transmettre sous forme d'écrit. Nous sommes bien les enfants des livres et les petits-enfants de l'écriture.

Mais réduire le langage uniquement à la parole est une vision étriquée et inexacte de la communication.

LES AUTRES COMPOSANTES DE LA COMMUNICATION

Pour traduire nos sentiments, nos rêves, nos espoirs et nos savoirs, tous les moyens nous sont bons. Nous avons ainsi inventé la peinture, la musique, les idéogrammes, les langues des signes, l'alphabet, le cinéma et j'en passe et bien sûr, il y a 200 ans tout juste, Niepce inventa la photographie, le langage naturel et favori de la communauté des photographes.

Un certain Tecumseh Fitch, un célèbre professeur de biologie cognitive à l'Université de Vienne soutient que nous autres les êtres humains avons un besoin physiologique et compulsif de communiquer, il a inventé le délicieux terme de Mitteilungsbedürfnis que seule la langue allemande pouvait inventer, qu'on peut traduire approximativement par besoin impérieux de communiquer, nécessité de s'épancher.

LE MITTEILUNGSBEDÜRFNIS

Ce Mitteilungsbedürfnis est assouvi de nos jours grace à de nouvelles inventions dont beaucoup commencent par i des iPhones des iPads de iBidules. On vient même d'inventer des photos qui s'auto détruisent dans la minute. Elles doivent s'appeler des iMages, mais je ne suis pas spécialiste.

Heureusement les nôtres vont durer tout le mois de décembre, au moins.

Daniel Collobert
[ Textes ]

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