Discours pour le vernissage du Salon 2011 à l'Imagerie [ Textes ]

Le paysage contemporain, …

Nous avons donc l'honneur d'ouvrir le bal cette année et, si dans cette salle, nos adhérents ont joué une suite de variations sur le thème du paysage, une polyphonie, dans la salle 2 vous pourrez apprécier une autre partition d'un soliste, Thierry Jeandot, sur un thème assez proche.

Tout à fait incidemment ce serait bien de trouver des vrais noms à ces salles et non pas des numéros.

Je vais vous battre quelques mesures de cette pièce que nos adhérents ont écrite sur ces murs en faisant référence pour commencer au chantre du romantisme, poète, écrivain mais aussi homme politique remarquable de la 3e république, Victor Hugo lui-même qui disait :

« Splendeur mystérieuse de la nature, splendeur des apparences, nature et art sont les deux versants d'un même fait ».

C'était une manière de concevoir le paysage comme un hymne quasi mystique à la louange d'un univers idéal et terriblement beau .

On trouvera ici des images qui illustrent parfaitement les ressentis de notre grand homme : splendeurs et mystères.

Mais on peut nuancer, mettre des bémols à la clé si vous voulez, comme le chante Beaudelaire dans Correspondances le quatrième poème des Fleurs du mal :

La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

C'est extraordinaire comme un poète peut, en quatre vers, condenser des pages et des pages de philosophie et des livres entiers de métaphysique.

Le message est, du moins tel qu'on me l'a appris il y a presque un demi siècle : en substance la nature est déchiffrable, pour peu qu'on sache en percevoir les symboles.

Mais le message dans le message est : qu'est-ce qui est illusion et qu'est-ce qui est réalité ? Si ce que l'on perçoit est confus cela existe-t-il réellement ?

C'est le deuxième ton de voix que j'entends quand je parcours cette exposition, un mouvement qui passe quelquefois par un accord dissonant celui qui montre la nature reconstruite et quelquefois niée, quelque fois même décrite absurde. Regardez le nombre d'images où des fumées ont « l'ambition extravagante de s'élever jusques aux cieux (Molière, Psyché) ».

Certains se sont surpris peut-être à découvrir ainsi une autre réalité derrière ce qu'ils pensaient être la plénitude de la réalité. Et la découverte soudaine de ce sens est un processus cathartique qui permet, tout en admirant la beauté, de résoudre une énigme, de dévoiler le mystère.

La photographie peut aussi mener à cela, à la découverte de jeux faits d'un entremêlement d'enchantements et d'illusions.

Daniel Collobert
[ Textes ]

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