Discours pour le vernissage du Salon 2013 à l'Imagerie le 6 décembre 2013 [ Textes ]

Lignes, …

(…Remerciements d'usage…)

Je vous propose un court discours en deux points. Tout d'abord la photo entre nous et l'étranger, l'étranger étant entendu comme au-delà des Pyrénées, à la Blaise Pascal.

Objectif Image Trégor est une association culturelle participant à une économie non marchande, qui tisse des liens dans divers niveaux de la société et dans le Trégor et plus loin encore, en Allemagne, au Danemark, en Ecosse, en Irlande, et en Espagne l'année dernière. Cette année nous voilà aux portes de l'Asie avec Chypre et la Turquie. Jusqu'où irons-nous chercher nos collègues photographes étrangers l'année prochaine ? La Chine ou Hong-Kong se serait intéressant.

Vendredi il y a quinze jours, le conseil général apportait son soutient à un débat citoyen organisé par les étudiants de l'IUT à la médiathèque de Lannion sur un thème lié à la notion d'étranger. Nous avons accompagné ce débat d'une exposition photographique impromptue. Je suis très attaché au fait que la photographie permette d'échanger par delà le temps bien sûr, par delà la distance aussi mais plus remarquablement par delà le langage, en fait par delà la culture. Je ne connais que la musique et la photographie capables d'une telle prouesse.

Maintenant, deuxième point : comment apprécier une photographie même venue d'un autre monde ?

La photographie est un art démocratique pas regardant. Qu'elle soit en noir et blanc ou en couleur, elle accepte les pauvres, les riches, les professionnels, les amateurs, les petits, les gros les frisés, les chauves, les vieux et les jeunes, ceux qui prennent flou et ceux qui coupent les têtes.

Tant qu'il y aura des photographes, il y aura forcément les tenants de la "photo art" et ceux de la "photo document", ceux de la "photo souvenir" et ceux de la "photo témoignage", mais la définition de l'art en général et de l'art dans la photographie en particulier restera aussi controversée que le sexe des anges. C'est un débat éternel et vain.

Tout bien pesé - à la limite - pour bien voir une photo, il vaut mieux fermer les yeux. J'en appelle à Gustav Janouch qui disait à Kafka que la vue était la condition préalable à l'image, et Kafka répondait : « on photographie des choses pour se les chasser de l'esprit. Mes histoires sont une façon de fermer les yeux ».

Dans une lettre à Louise Collet, Flaubert écrivait « Pour qu'une chose devienne intéressante, il suffit de la regarder longtemps ». Je trouve que cela complète merveilleusement bien le propos de Kafka : au bout d'un certain temps on arrive enfin à voir avec les yeux de l'esprit. Et c'est ce qui compte.

Je vous souhaite bonne visite !

Daniel Collobert
[ Textes ]

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