Édito de juillet 2010 [ Précédent | Textes | Suivant ]

Le mieux et le bien …

 
Le progrès est bien là ! Qu'on en juge : sur mon vieil argentique, un appareil de plus de 10 ans d'âge, il n'y a que quatre modes de prise de vue : automatique, priorité à la vitesse, priorité au diaphragme et manuel, alors que sur mon compact numérique il y a : automatique, naturel, lumière naturelle, portrait, visage plus doux, paysage, sport, nocturne, pose longue, feux artifices, coucher soleil, neige, plage, plongée, musée, soirée, fleur, texte et manuel !

Comment choisir ?

La meilleure manière de prendre des photos réussies au point de vue technique, c'est-à-dire bien exposées et bien nettes, soyons précis, c'est de mettre son appareil en mode manuel.

À nous alors les joies des noirs bien profonds et cependant détaillés (on dit fouillés quand on a de l'expérience), du sujet en contre-jour avec la lumière frisant dans les cheveux mais cependant éclairé juste ce qu'il faut car on aura pris soin, ayant retenu les leçons des magazines qui en développent les arcanes théoriques, de positionner un flash, manuel lui aussi, à deux tiers de diaph en moins que ce qu'il faudrait, et tout de même, bien évidemment, d'avoir sur exposé le fond de trois quarts de diaph en plus. Faut ce qu'il faut.

À nous alors les joies du sujet bien arrêté dans son mouvement, car il est possible d'avoir recours à des tables qui donneront, en fonction de la vitesse du sujet (en mètre par seconde), de son éloignement (en mètre) et de sa taille (en mètre) aussi la vitesse à utiliser (en fraction de seconde normalisée, le soixantième d'icelle, par exemple) pour que pendant l'ouverture du diaphragme l'image du sujet sur le capteur ne se déplace pas plus de 1 pixel (mesuré ici en microns). Ah ! j'oubliais ! il faut aussi donner la focale utilisée (en millimètres, des vrais, pas des équivalents 24x36).

À nous alors les joies de la profondeur de champ maîtrisée ; il y a là aussi des tables qui donnent la valeur de ce que l'on cherche : le diaph ou la distance, ou encore la dimension du capteur ou la focale (mais pas cette dernière si on est en macro, car on a bien retenu les leçons encore que ce soit une conséquence mystérieuse de ces conditions de prises de vue) en fonction des autres. Le pied c'est d'utiliser l'hyperfocale. Le super pied c'est de se tricoter ses tables à la main, enfin avec un tableur par exemple, et pour peu qu'on programme un peu c'est les trois mois du prochain hiver qu'on passera à cultiver notre art.

Et puis si toutes ces opérations ne nous satisfont pas complètement nous avons la possibilité de jouer sur les zasas, voire les zizos (les DIN c'était Avant). Et si je mettais à 800 ISO ce ne serait pas meilleur qu'à 400 ? Peut-être ? Mais je n'ai pas le temps de réfléchir à moins de devenir zinzin, alors refaisons une série dans ces conditions, l'image numérique ne coûte rien n'est-ce pas ? Je trierai plus tard.

Et puis, tant que j'y suis je vais bracketer un peu. J'ai lu qu'alors je pourrais m'adapter à quelques éclairages pernicieux. Tiens ! tant que j'y suis je vais prendre un pied, bien que ce ne soit pas nécessaire, mais on est perfectionniste ou pas ! n'est-ce pas ? et je vais faire du HDR, j'ai vu/lu que c'était maintenant (Après ?) indispensable et que certains photographes ne jurent que par lui, et puis c'est si facile et si rigolo de bouger tous ces boutons sur l'ordinateur !

L'autre meilleure manière de prendre des photos réussies au point de vue technique, c'est-à-dire bien exposées et bien mises au point, soyons précis et restons dans ces limites qui ne sont à la photo que ce qu'est l'alphabet à la littérature, n'est-ce pas ? C'est de mettre son appareil en mode automatique.

À nous alors les joies du cadrage peaufiné et du point de vue recherché.
À nous alors la mise en boîte du précieux instant décisif.
À nous alors un esprit tranquille, débarrassé d'encombrants dictats.
À nous alors la liberté gagnée contre des publicitaires perfides qui veulent nous faire croire que pléthore est synonyme de mieux.

À chaque fois que je presse sur le bouton en automatique, je photographie avec l'aide, en coulisse, de milliers d'ingénieurs, de techniciens, de chercheurs et aussi d'industriels et de commerciaux (il en faut). En effet, en une fraction de seconde des programmes de plusieurs milliers de lignes faisant appel à des techniques de traitement du signal trop récentes pour être déjà dans les livres d'école se déroulent sur des processeurs si compliqués que peu de personnes au monde en contrôlent la complexité. Changer de réglage, c'est un peu discutailler avec tous ces gens là qui ont fait ces programmes là et je ne suis pas sûr d'avoir raison ni d'en avoir le courage. Dans ce domaine je fais confiance à la technique les yeux fermés.

L'automatique, c'est le mode que je préfère.
Comme d'habitude, chacun assume ses choix.
 

Daniel Collobert
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